Influence d’une reflation sur les portefeuilles

Afin de choisir une stratégie d’investissement leur permettant de générer un rendement suffisant pour financer leur activité, les investisseurs institutionnels utilisent des hypothèses de rendement à moyen et long terme pour différentes classes d’actifs. La détermination de valeurs normatives est donc nécessaire, notamment concernant l’inflation et les taux d’intérêt. Dans le contexte de reflation amorcée au 4ème trimestre 2016 accompagnée d’une performance des obligations de la Confédération de -4.2%, ces valeurs normatives ont sans doute évolué. Afin de le vérifier, nous avons réalisé un sondage auprès de 25 asset managers concernant leurs attentes d’inflation ainsi que de taux d’intérêt à 10 ans, puis nous les avons comparées aux attentes du marché.

Précision

Les attentes de marché sont déduites de la courbe actuelle des rendements à l’échéance des obligations d’Etat.

Comme le montre le graphique du rendement à l’échéance à 10 ans des obligations d’Etat attendu dans 5 ans, les attentes du marché et la médiane des réponses au sondage des asset managers sont relativement proches pour le Royaume-Unis (GBP) et les Etats-Unis (USD), alors que les attentes des marchés sont très inférieures pour la Suisse, la zone Euro et le Japon (JPY). Quel est l’impact de ce constat sur la performance des obligations d’Etat ? Pour le Royaume-Unis et les Etats-Unis, la hausse des taux d’intérêt aura une influence négative plus limitée sur le prix des obligations d’Etat qui intègrent déjà cette hausse. En revanche, ce n’est pas le cas pour la Suisse, la zone Euro et le Japon. Ainsi, pour la Suisse, en prenant en considération les rendements à l’échéance actuels et attendus ainsi que les caractéristiques des obligations de la Confédération, l’attente de performance annualisée moyenne à 5 ans est de -0.8%.
 
Toutefois, pourquoi ne pas déterminer les valeurs normatives uniquement en considérant les attentes du marché ? Car concernant les taux d’intérêt à moyen et long terme, les attentes  du marché s’avèrent souvent incorrectes. En effet, en mesurant l’écart du rendement à l’échéance à 5 ans de la Confédération attendu par le marché dans 5 ans avec la valeur effective 5 ans plus tard, l’écart moyen obtenu sur les 29 dernières années a été de 1.8 point de pourcentage. Ainsi, par exemple, il y a 5 ans le marché attendait un taux de 1.3%, alors qu’il est de -0.7% à fin 2016.
 
Les investisseurs institutionnels présentent historiquement une proportion importante d’obligations dans leur stratégie d’investissement donc une exposition au risque de taux d’intérêt élevée en raison d’un profil rendement / risque historiquement favorable ou de contraintes légales. Selon différentes études ou indices concernant les institutions de prévoyance suisses, la proportion d’obligations en CHF dans les portefeuilles est actuellement d’environ 25%. Si cette importante exposition a été très bien rémunérée en raison d’une baisse des taux d’intérêt depuis le milieu des années 1990, entraînant mécaniquement une hausse du prix des obligations, elle ne le sera probablement plus dans un contexte de changement de cycle, notamment pour les obligations en CHF.
 
Cependant, bien que modérée, cette reflation permettra aux portefeuilles d’actifs diversifiés de réaliser progressivement de meilleures performances et de réduire la pression sur les paramètres techniques telle que la baisse du taux de conversion pour les institutions de prévoyance par exemple.
 
Si ce scénario de reflation se confirme et s’il en a la possibilité, un investisseur institutionnel devrait réduire stratégiquement son exposition au risque de taux d’intérêt suisses et analyser d’autres opportunités d’investissement tout en contrôlant le risque global de son portefeuille d’actifs.