Depuis le 16 mars et l’arrêt brutal, sur ordonnance fédérale, de toutes les activités non essentielles pour limiter la propagation du coronavirus et garantir l’accès aux soins, notre quotidien a été considérablement bouleversé. Pour garder un semblant de normalité, nous nous sommes tournés vers les outils digitaux. Si le télétravail, les achats en ligne, la vidéo-conférence, les formations à distance et la télémédecine avaient le vent en poupe depuis quelques années, ils sont montés en puissance en quelques semaines et se sont rendus indispensables au fonctionnement de la société en cette période de crise.
Les atouts et risques de la digitalisation
Le numérique a permis aux entreprises de repenser leur organisation, voire leur modèle d’affaires, pour poursuivre leurs activités ou les adapter. Les nouvelles technologies se sont révélées essentielles pour permettre notamment, en situation de télétravail, le maintien de la relation avec les clients d’une part et entre les collaborateurs d’autre part. La transition numérique des entreprises s’est accélérée afin de mettre à disposition de tous des applications fluides et des fonctionnalités propres à chaque métier.
Toutefois, la précipitation et l’absence de stratégie claire pour sécuriser les informations et les données peuvent mettre en danger les activités des entreprises face à une cybercriminalité en augmentation. La crise récente a démontré que la mise en œuvre non-maîtrisée du télétravail, par exemple, augmentait considérablement les risques.
L’assurance Cyber est plus que jamais pertinente pour les entreprises. Les contrats en vigueur n’intègrent pas d’exclusions spécifiques à la notion de pandémie. Certaines polices, lorsqu’elles assurent les défaillances techniques en plus de la malveillance informatique, peuvent comporter une exclusion pour s’assurer du maintien de la vigilance en sécurité informatique. En d’autres termes, dans un contexte par exemple de recours massif au télétravail, toute défaillance technique résultant de cette situation et entraînant une indisponibilité totale ou partielle du réseau informatique ne serait a priori pas couverte. « Il serait tout de même possible d’opposer à l’assureur la force majeure, le Covid-19 pouvant être considéré comme un événement extérieur à l’entreprise, imprévisible et irrésistible, de très forte intensité. La qualification reviendrait alors au juge et serait très certainement au cas par cas, estime l'experte. La couverture assurantielle ne doit évidemment pas empêcher les entreprises assurées de continuer à appliquer les bonnes pratiques de prévention. »
L’assurance épidémie crée la polémique
Connaissant une baisse drastique de leur volume d’activité, voire un arrêt complet, les entreprises espèrent obtenir des indemnisations via leurs assurances. Si l’assurance épidémie peut couvrir la perte de rendement ou de production dans le cas d’une fermeture décidée par l’administration, rares sont les entreprises à l’avoir contractée.
Les métiers de bouche, pour qui se posent principalement le choix ou non de ce type d’assurance, préfèrent souvent contrôler les risques en amont et assumer eux-mêmes les dommages en cas de sinistre.
Si toutefois une assurance épidémie a été conclue, certains assureurs refusent encore de verser des indemnités à partir du moment où l’OMS a qualifié le Covid-19 de pandémie. La polémique à ce sujet enfle dans l’espace public et fait mauvaise presse à tout le secteur de l’assurance. La lecture des conditions générales d’assurance est alors primordiale, de même que l’assistance du courtier si elles sont sujettes à interprétation.
Une couverture pandémie à construire ?
Dans l’interview ci-après, Yvan Roux, Directeur de l’Unité d’affaires Entreprise, revient sur le rôle d’une assurance et questionne la pertinence d’une couverture pandémie.
Les périodes de crise sont, à bien des égards, des moments révélateurs des forces et des faiblesses d’une organisation ou d’un secteur d’activité. L’analyse critique et à froid de la gestion du Covid-19 permettra de trouver les réponses adéquates aux besoins des entreprises.