Force est de constater que dans le cadre d’une démarche d’investissement, la question du pilotage du portefeuille ou du suivi actif-passif est souvent négligée. Or, la mise en place d’un processus dynamique permet de mieux gérer le risque et d’optimiser les décisions de placements… en un mot d’améliorer le rendement ajusté du risque. Explications.
Le rebalancement mécanique (cf. lexique ci-dessous) a gagné du terrain ces dernières années. Il permet à la commission de placement de garder une certaine objectivité dans ses décisions. Ainsi, si une marge tactique est touchée, le portefeuille est automatiquement réaligné sur l’allocation stratégique. Cette méthode a toutefois quelques faiblesses. En effet, elle suppose que :
Cette année, pour bénéficier du rebond des marchés, les marges devaient avoir été fixées judicieusement afin que le portefeuille soit rebalancé sur la stratégie. Cet exemple montre la difficulté de fixer à l’avance des marges tactiques adaptées à chaque évolution de marchés.
Autres limites constatées : dans la plupart des institutions de prévoyance, l’immobilier direct ou les placements privés représentant une part importante des actifs empêchent tout rebalancement sur l’allocation stratégique.
Enfin, les cashflows de prévoyance peuvent fortement limiter l’effet de « momentum ». Une sortie importante de liquidités peut, par exemple, limiter la réduction du poids des actions en phase de baisse des marchés censée protéger le portefeuille.
La commission de placement a tout intérêt à procéder à un pilotage dynamique de son portefeuille en recourant à des outils spécifiques. C’est à la fois une aide à la décision et le moyen de suivre le niveau du risque du portefeuille ou l’évolution de son degré de couverture.
Le risque du portefeuille n’est pas constant et le budget de risque définit lors de l’ALM peut être dépassé. Toutefois, un accroissement du risque peut également faire apparaître des opportunités. Par exemple, à fin mars 2020, le risque était très élevé mais les perspectives s’étaient fortement améliorées suite à la correction des marchés actions, à l’écartement spectaculaire des spreads de crédit et à l’annonce d’intervention des banques centrales.
Cet outil doit fournir des indications simples intégrant les spécificités de l’institution telles que la pondération des placements illiquides et les futurs cashflows de prévoyance.
A notre sens, les décisions de la commission de placement devraient être basées sur des scénarios économiques avec les caractéristiques suivantes :
Allocation stratégique :
Elle représente l’objectif de pondération pour chaque classe d’actifs ou catégorie de placement (ex : obligation en CHF ou actions suisses) pour le portefeuille de l’institution de prévoyance. Elle est déterminée sur la base du besoin de rendement de l’institution en respectant son budget de risque.
Rebalancement :
Action qui consiste à rééquilibrer le portefeuille d’actifs. Par exemple, un rebalancement mécanique entraîne un rééquilibrage du portefeuille afin qu’il soit en adéquation avec l’allocation stratégique.
Momentum :
Tendance du prix des actifs à poursuivre une tendance de hausse ou de baisse.
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