Doit-on faire confiance au 2ème pilier ?

Swiss Risk & Care a réalisé des statistiques afin de mesurer l'indice de confiance accordé au 2e pilier par les travailleurs suisses. Explications.

Pour mesurer cette confiance, le niveau de cotisation dans le second pilier consenti par les travailleurs a été examiné à la loupe par nos experts. Jean-François André, Directeur LPP de Swiss Risk & Care, et ses équipes ont réalisé des statistiques pour le compte de clients entreprises dont la caisse de pension offre trois niveaux de cotisation aux collaborateurs (lire le rappel).

Mises en commun, ces différentes données révèlent des résultats surprenants.

Pas de corrélation marquée entre le choix d’un niveau de cotisation plus élevé et le salaire : un résultat contrintuitif, car qui dit haut salaire présume d’une motivation supplémentaire à contribuer plus activement au 2e pilier. La fiscalité devient en effet lourde et incite à verser des cotisations déductibles. En outre, la capacité d’épargne devrait augmenter avec le niveau de salaire.

Aucune différence marquée de choix entre les frontaliers et les résidents suisses : les frontaliers choisissent le niveau de cotisation le plus élevé dans une proportion similaire aux Suisses. Un fait étonnant car fiscalement les travailleurs frontaliers genevois en particulier n’ont aucun intérêt à faire de grosses contributions à la LPP, l’impôt à la source étant prélevé sur leur salaire brut. On peut en déduire qu’ils ont une confiance importante dans le système de retraite helvétique.

Le genre et l’âge, des critères non déterminants : aucune différence d’attitude significative envers le second pilier n’est constatée.

Au final, on constate que le choix du niveau de cotisation n’est lié à aucun critère en particulier. Existe-t-il une corrélation entre le niveau de contribution et la propension à épargner, la capacité à épargner ou la qualité de l’information donnée aux salariés sur ces plans à choix ? Des analyses plus approfondies pourraient nous renseigner.

Un message rassurant

 

Le plan de prévoyance amélioré est choisi par 20 à 35 % du personnel en fonction de l’entreprise. Ce résultat est-il synonyme d’une confiance accordée au 2e pilier ?

Pour Jean-François André, le message est clair : « Un taux de 20 % est élevé et démontre que les travailleurs font confiance au système suisse des caisses de retraite. Il ne faut pas oublier que le public est conscient des difficultés rencontrées par la LPP, telles que la baisse des taux de conversion et de rendement attribués sur les comptes. De plus, quand on opte pour un niveau de cotisation élevé, il s’agit de prélèvement sur le salaire, donc d’argent indisponible pendant plusieurs années. Malgré tout cela, les travailleurs choisissent dans une proportion importante de contribuer fortement à leur second pilier. Pour moi, c’est un message rassurant sur notre système social ».

Rappel

Depuis 2006, la loi permet aux caisses de pension d’offrir à choix trois niveaux de cotisation aux collaborateurs. Cette option a été introduite par plusieurs caisses de pension et fait de plus en plus d’adeptes parmi les entreprises. Si les salariés peuvent déterminer leur contribution, l’employeur doit quant à lui cotiser toujours au même niveau pour l’ensemble de ses effectifs.

Jean-François André
Jean-François André
Directeur Courtage LPP
Article publié en avril 2017